Antoine DUTHOIT, promo 2005

[Interview enregistrée en 2021]

Bonjour Antoine. Tu as été diplômé en 2005 et tu as rejoint notre école après un parcours universitaire. Peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai eu un parcours un peu atypique. Après avoir obtenu mon bac S sur le fil, je me suis tourné vers une filière courte via un DUT car elle me donnait l’opportunité d’arrêter rapidement mes études au bout des deux ans de formation ou de les poursuivre avec des possibilités assez larges. J’ai choisi d’effectuer mon DUT dans le domaine du BTP à l’IUT du Havre. J’avais d’autres idées d’orientation mais qui n’étaient pas très réalistes… Je me suis donc intéressé au BTP même si je n’avais personne dans mon entourage qui y travaillait. Le monde du BTP représentait pour moi le travail au "grand air" (au sens contraire d’un travail de bureau), un peu d’aventure et la satisfaction de concevoir et de construire des ouvrages uniques avec différents acteurs/contributeurs… Et c’est donc pour ces principales raisons que j’ai choisi cette voie. A cette époque, j’étais plutôt attiré par les travaux publics, ce que je ne fais pas du tout aujourd’hui!

Ayant pas mal tourné durant mon DUT, j’ai donc décidé de poursuivre mes études tant que je le pouvais. J’ai alors été admis à Polytec’Lille (anciennement EUDIL). Là, cela a été un peu dur car j’avais quelques lacunes dans les matières théoriques et cela a plombé mon année. Malgré de bons résultats dans les matières relatives au génie civil, je n’ai pas été admis en seconde année. Heureusement pour moi, je m’étais inscris parallèlement en licence de génie civil à l'université de Lille 1 que j’ai pu valider durant ma première année de Polytec. J’ai donc poursuivi l’année suivante en Maîtrise de génie Civil toujours à Lille 1.

Cette année de maîtrise m’a bien réussi et j’ai pu donc me présenter à plusieurs DESS mais aussi pour une admission sur dossier en troisième année aux Mines de Douai. C’était pour moi l’opportunité de réintégrer une école d’ingénieurs, qui plus est une bonne école d’ingénieurs. Pour être franc, je ne m’étais pas trop mis la pression car je ne voulais pas être déçu une seconde fois. Mais grâce à mon dossier solide et à un oral qui s’est bien déroulé, j’ai pu intégré notre école et donc suivre les deux années qui me restaient avant le diplôme.

Je dois dire qu’elles ont été très bonnes, tant au plan de la formation qu’au niveau des rencontres, des activités, des stages… 

Les Mines de Douai m’ont permis de bien démarrer ma vie professionnelle et d’être là où je suis aujourd’hui.

Voilà mon parcours, j’ai fait mes études en suivant une route un peu sinueuse et en utilisant les passerelles quand elles se présentaient. Je pense que l’essentiel n’est pas forcément de suivre LA voie qui mène au diplôme car nous pouvons toujours avoir des accidents de parcours, de rencontrer des obstacles, etc… et il faut juste regarder devant soi et examiner où peuvent nous mener les chemins qui se présentent à nous… Et au bout du compte faire ce que l’on souhaite.

Tu occupes maintenant la fonction de Responsable étude et valorisation de projets chez Bouygues Bâtiment. En quoi cela consiste-t-il et quelles sont tes interfaces avec les autres métiers de l'entreprise ?

Une fois mon diplôme obtenu, j’ai démarré ma vie professionnelle en tant d’ingénieur travaux chez Bouygues Bâtiment. Après 7 années passées sur les chantiers, j’ai changé de métier et j’ai rejoins la Direction Technique de l'entreprise en tant que responsable étude et valorisation de projets pour le gros-oeuvre en bâtiments. 

Ma mission consiste à déterminer la meilleure solution technique pour la construction d’un ouvrage avec un coût de construction optimisé. Je défini les moyens nécessaires à la construction : les moyens humains, matériels, les matériaux, les modes constructifs et l’ensemble de l’organisation du chantier.

J’interviens lors de réponses aux appels d’offres publics ou privés, lors d’appels à projets dans le cadre d’une réponse de conception et de réalisation ou encore lors de projets en développement immobilier interne.

Pour réaliser ma mission, je sollicite une bonne partie des services de l’entreprise :

Au sein même de notre direction ingénierie, je travaille avec plusieurs métiers :

- nos ingénieurs Structure qui me transmettent les avant-projets de dimensionnement des ouvrages me permettant de chiffrer,

- nos ingénieurs Méthodes pour garantir les modes constructifs retenus dans un soucis de sécurité des compagnons et d’optimisation de la production, 

- nos ingénieurs spécialisés dans la thermique des bâtiments : définition et optimisation des isolants…,

- nos ingénieurs et architectes pour tous les sujets relatifs à la réglementation de la construction.

Je fais appel également au service Travaux : je les interroge sur leurs retours d’expériences chantiers, sur les entreprises à consulter ou encore sur les modes constructifs ou des prix. Je peux aussi contacter notre service SAV pour obtenir des retours au sujet de tel ou tel procédé ayant déjà été mis en oeuvre auparavant. Au démarrage d’une étude, je contacte également notre service Achats : détermination des prix des matériaux suivant le site géographique de l'opération, retour de consultations ou encore contacts fournisseurs.

En résumé, mon métier me permet d’être en contact avec beaucoup de services de l’Entreprise pour obtenir au bout du compte la meilleure étude possible.

Que conseillerais-tu à un étudiant qui souhaite se spécialiser dans les métiers du Génie Civil ?

De foncer !

Le domaine du BTP est en plein changements et se modernise :

- avec l’ère du numérique : maquette numérique, communications, nouveaux moyens de conception et constructifs…

- avec les sujets relatifs au changement climatique et aux économies d'énergies : beaucoup de bâtiments à rénover…

- avec la naissance et le développement de nouveaux modes constructifs plus industrialisés, la construction hors site, le modulaire...

Enfin, même si nous entrons dans une crise économique dont nous ne savons pas grand chose encore pour l’avenir, je pense que le BTP est pourvoyeur d’emplois car l’activité est jusqu’à présent soutenue et il manque aujourd’hui des effectifs dans les entreprises. Enfin, il donne la possibilité de faire des métiers différents et d’effectuer de beaux parcours professionnels.