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Céline FASULO (promo 2003)
Tu es diplômée de la promo 2003 et as repris tes études l'an passé pour intégrer le prestigieux Corps des Mines. Peux-tu nous détailler ton parcours ?
J'ai travaillé à la gestion et au contrôle des risques industriels majeurs pendant 14 ans dans l'Administration que ce soit en service déconcentré du ministère en charge de l'environnement, les DREAL (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement), ou à l'Autorité de Sûreté Nucléaire, l'ASN. En tant qu’ingénieur de l’industrie et des mines, j’ai eu la possibilité d’appréhender concrètement le rôle de l’Etat dans le domaine des risques industriels et j’ai eu la chance de pouvoir m’investir plus largement dans la définition du rôle de l’Etat en matière d’industrie.
À l’ASN, où j'ai passé le plus d'années, j'ai notamment été en charge du contrôle de la fabrication des équipements sous pression nucléaires, c’est à dire de gros objets métalliques faits à la fois pour résister à la pression et à la radioactivité tels qu’une cuve de réacteur, un échangeur de chaleur ou bien des vannes et de la tuyauterie. Pour cela, j’ai été amenée à me former dans les domaines de la métallurgie, du soudage et plus globalement du nucléaire en complément de ma formation initiale. J’ai eu la chance de pouvoir avoir de nombreuses expériences à l’international, le contrôle de la sûreté nucléaire s’appuyant largement sur un partage d’expérience avec les homologues étrangers.
Concrètement, j'ai eu à traiter le dossier de la cuve de l’EPR de Flamanville. Même si ce dossier a eu un fort retentissement médiatique, il s’agit avant tout d’un sujet technique qui correspond à une anomalie de concentration en carbone dans l'acier du fond et du couvercle de la cuve du réacteur et qui affecte les propriétés mécaniques du matériau.
J’ai eu également à traiter un autre dossier emblématique, tant par les enjeux techniques qu’économiques associés. Il s’agit des falsifications que l'on a découvert dans les dossiers de fabrication des composants de l'usine Creusot Forge d’Areva NP, aujourd'hui Framatome. Ce dossier m’a amené à effectuer un travail approfondi sur l’adaptation des modalités du contrôle dans un contexte de fraude et à effectuer des recommandations d’évolution des actions de prévention et de contrôle des inspecteurs.
En 2017, j’ai intégré le Corps des Mines à l’issue d’un concours. J’ai ainsi pu bénéficier d’une année très enrichissante de formation à l’Ecole des Mines de Paris avant de rejoindre mon poste actuel de directrice adjointe d’IMT Lille Douai.
Tu viens d'intégrer la direction de l'école en tant que directrice adjointe. Quel regard portes-tu sur l'école que tu viens de retrouver ?
C'est avec beaucoup de plaisir, de fierté et d'émotion que je reviens dans ces murs, même si ces murs sont quelque peu différents !
L'école a grandi et beaucoup évolué. Je retrouve une école qui a su se transformer et s'adapter pour faire face aux défis de son nouvel environnement, aux enjeux de la concurrence et de l'internationalisation. Cette évolution permet surtout à l’école de préparer les nouveaux ingénieurs à relever les défis d’aujourd’hui et de demain : transformations industrielles, numériques, environnementales et sociétales.
Arrivant ici juste au moment où les deux écoles viennent de fusionner, je trouve qu'il y a une réelle complémentarité entre elles. Cette fusion est une force que l'on ressent même si elle soulève des questions auxquelles on s’attache à apporter des réponses. Il y a vraiment un potentiel sur lequel s’appuyer pour continuer à faire évoluer l’école et la faire grandir.
Quel souvenir gardes-tu de tes années étudiantes ?
Ce que je retiens de mes années étudiantes 15 ans après, c’est avant tout l’aventure humaine que cela représente. Bien sûr durant ces années j’ai appris à comprendre le monde de l’entreprise, mais ce qui me semble important aujourd’hui, c’est que l’école m’a permis d’apprendre à m’investir, à être curieuse et à travailler en équipe.
Que ce soit au travers de projets associatifs, de projets en lien avec les entreprises ou de projets artistiques, mes années à l’école m’ont permis de mieux comprendre mon environnement et d’expérimenter concrètement la prise de responsabilité. Par la suite, cette envie d’engagement a été essentielle pour guider mes choix professionnels.