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03 septembre 2019

Michel CHAJES (promo 1980)

Bonjour Michel. Tu as été diplômé en 1980, en suivant l'option Génie Civil. Comment passe-t-on de ce secteur au développement informatique pour des drones, la biométrique ?

Je suis effectivement sorti de l'ENSTIMD (Ecole Nationale Supérieure des Techniques et Industries des Mines de Douai) en 1980, avec un diplôme d'ingénieur, option Génie Civil
J'ai commencé à travailler en 1982 apreè le service militaire, pour Bouygues, comme Ingénieur méthodes. J'y ai préparé le chantier du pont de Nasiriyah, en Iraq, sur l'Euphrate, non loin de Bassorah, et j'ai été envoyé sur place. C'était le début de la guerre Iran/Iraq, et j'entendais les canons et les bombardements tonner à Bassorah, et des taxis passer en trombe avec des cercueils sur le toit. N'ayant pas vocation au martyre, je suis vite retourné en France et j'ai donné ma démission.

J'ai toujours été passionné par l'informatique, et j'avais eu à l'ENSTIMD une formation à la programmation. Le début des années 80 en France était marqué par une pénurie d'ingénieurs informaticiens, et les entreprises étaient prêtes à prendre des ingénieurs même non informaticiens à la base pour les former en interne. J'ai donc intégré la CERCI (Compagnie d'Etudes et de Réalisation en Cybernétiques Industrielle, filiale de Jeumont Schneider) où j'ai pu me perfectionner en informatique (langage C, architecture système, VMS, conception de systèmes complexes) avec d'excellents professionnels.
Je travaillais dans le domaine de l'informatisation de la presse (mise en page automatique, photocomposition, informatisation des rédactions, bases de données
multi-média...). C'était hyper intéressant, et cela m'a permis de travailler en Espagne et en Italie, outre la France. la CERCI a été rachetée en 1987 par le SEMA GROU, et le travail est devenu moins intéressant du fait de l'incompréhension du métier par la nouvelle direction.

C'est pourquoi j'ai intégré Morpho Systemes, filiale de la Caisse des Dépôts, en 1990. Morpho était la première boite européenne, à travailler sur les applications informatiques de la biométrie pour la recherche et l'identification de criminels, et c'était vraiment une boité pionnière et novatrice. J'étais chef de projet en charge du système d'archivage et de recherche des images d'empreintes digitales sur des jukebox de disques optiques, j'ai travaillé aussi sur le système de comparaison d'empreintes digitales. Cela m'a permis aussi de travailler aux USA, en Allemagne et en Angleterre.
Morpho a été racheté en 1993/94 par Sagem, et en 1996, comme je voulais diversifier mon expérience, j'ai demandé mon transfert à Sagem Défense, pour travailler sur un projet novateur : le programme de drones aériens tactiques de l'armée hollandaise. J'y étais chef de projet en charge du développement des logiciels de la station sol, pour la préparation de mission, et le suivi de mission des drones en vol. Le projet s'est terminé en 2000, et j'ai demandé mon retour au sein de Morphe, où j'ai participé à la réalisation de la nouvelle génération du système d'identification (matching palmaire, reconnaissance de visages, contrôle au frontières, visas, etc...). j'ai travaillé en France, mais aussi en Australie, Israel, Allemagne, Hongrie....

En 2008, j'ai été contacté par le Ministère de l'intérieur pour m'occuper du Fichier automatique des empreintes digitales (FAED). J'ai accepté, et j'y a ai travaillé jusqu'en 2010.

En résumé, j'ai toujours cherché à travaillé dans des domaines pionniers et novateurs, c'est cela qui me guidait et me passionne toujours. J'ai trouvé mon domaine de prédilection : l'application de la biométrie aux problématiques d'identification, aussi bien policiers que civils. En outre j'ai adoré travaillé à l'étranger, car cela me permettait de découvrir d'autre cultures, et d'autres façons de vivre, et aussi cela me donnait plus grande autonomie dans mon travail qu'en France.

 

Depuis près de 10 ans tu arpentes différents pays d'Afrique. Qu'est-ce-qui guide ton parcours ?

En 2010, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), m'a recruté en tant qu'expert en enregistrement biométrique des électeurs, pour la préparation des élections présidentielles au Bénin. C'était la première fois que j'allais en Afrique (en dehors de l'Afrique du Nord), et cela m'a fait l'effet de débarquer sur une autre planète !
Je m'y suis fait très vite, et plus le temps passait, plus j'aimais cela. De plus, travailler pour les élections, pour le développement de la démocratie, cela a un sens humain, ce qui est important pour moi. Après cela, j'ai enchaîné les missions en Afrique et aux Caraïbes : en Sierra leone, Tanzanie, Guinée, Haïti pour le PNUD, au Mali pour le Quai d'Orsay, en République Démocratique du Congo pour IFES (USAID), au Maroc pour la Banque Mondiale. et maintenant au Mali pour l'Union Européenne pour une grand projet d'informatisation de l'état civil.
J'ai des profondes attaches avec l'Afrique (ma seconde femme est Ivoirienne, je lai rencontrée en mission).
Je réalise que mon parcours professionnel est pour le moins atypique, et multiple, mais il est en fait très cohérent


As-tu gardé un lien avec l'école ? Comment vois-tu son évolution ?

Je suis le parcours de l'école toujours avec intérêt. Je suis allé à Douai pour le Jubilé de ma promotion (1980) en 2010, et je paie ma contribution (j'essaie, il faut me le rappeler !)
Sa fusion dans la nouvelle entité IMT Lille-Douai me semble lui donner des capacités supplémentaires pour développer son influence et ses capacités de progression, au carrefour de l'Europe (France/Belgique/Allemagne)