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03 décembre 2021

Morgane CHEBAHI, promo 2009

[Interview réalisée en 2019]

Bonjour Morgane. Depuis que tu as été diplômée en 2009, tu as travaillé en Tunisie (pendant 4 ans) puis en Australie, où tu vis toujours. Pourquoi avoir fait ce choix de l'international ?

Ma mère m’a rappelé récemment que dès mon plus jeune âge  je manifestais des envies d’ailleurs. Sensible à cette idée de paradis que représente le mythe de l’île, j’évoquais le désir profond de pouvoir y vivre. Je crois que j’ai finalement réalisé ce  “rêve d’ado”.

Avant ma première mission professionnelle à Tunis, j’avais déjà une certaine expérience de l’étranger grâce aux trois stages réalisés dans le cadre de mon cursus : en Angleterre, aux Philippines puis au Vietnam. Ces premiers pas franchis m’ont permis de réaliser que je souhaitais m’épanouir encore davantage dans de nouvelles découvertes, et vivre à l’étranger m’a tout de suite plu. Mes différents projets professionnels ont toujours été un challenge : barrière de la langue, différence de culture ou de religion, mais aussi différente façon de conduire un projet ou de manager une équipe. Le simple fait d’aller au boulot chaque matin devient alors une réelle aventure.

Je vis aujourd’hui à Perth en Australie où j’occupe un poste d’Operations Manager (Directeur des Operations) pour le groupe Spotless-Downer au sein duquel je manage 300 employés de 38 nationalités différentes. J’ai conscience que mes précédentes expériences à l’étranger représentent un atout majeur pour mener à bien ma mission.

Partie de France depuis presque 10 ans, je dirais que ce choix de vivre dans différents pays fut une succession d’étapes vers la destination idéale. De mon point de vue bien évidemment. 

Même si l’Australie n’offre pas les mêmes services publics dont on dispose dans l’Hexagone, la qualité de vie y est incroyable. Professionnellement, d’une part, le management anglosaxon est très flexible (horaire de travail très raisonnables, je peux même finir à 15h30 pour aller surfer occasionnellement). D’autre part, les opportunités de carrières sont énormes. En 3 ans et demi à Spotless, j’ai gravi les échelons très vite (Supervisor – Production Manager – Operations Manager). 

 

En tant qu'étranger, est-il facile de se faire une place dans un pays que l'on ne connaît pas ?

Je répondrais spontanément cela dépend du pays. 

Mon intégration en Tunisie a été plus difficile qu’en Australie. Je me souviens que mes premiers pas en tant que femme ingénieur dans l’usine tunisoise ont été terrifiants. Il m’a fallu du temps pour gagner la confiance et le respect des ouvriers. Je dirais que le plus important est de rester humble, d'être adaptable, d'observer et d'écouter avant de suggérer de nouvelles idées ou d’implanter un projet. 

L’école nous a apporté un socle de connaissance et un savoir technique incroyable, une grande capacité d’organisation et de gestion de projet. A l’étranger, j’ai dû apprendre les autres subtilités du métier d’ingénieur tels que manager différentes cultures, comprendre l’impact de son environnement social et s’adapter à tout type de population. 

Il y a quelque chose qui m’a toujours un peu déplu à l’étranger, c’est le fait d’être constamment vu comme une étrangère... Je n’ai plus ce problème depuis que je vis en Australie car je peux facilement passer pour une locale, d’autant plus que je suis en train d’acquérir la nationalité Australienne. Cela dit, dès je commence à parler en anglais, on me demande toujours « Where are you from ? ». 

Un bon conseil pour commencer sa carrière à l’étranger est de postuler à un Volontariat International en Entreprise (VIE) : c’est la voie royale pour faire ses premiers pas à l’international. Ne pas hésiter à postuler en abondance ! Je crois que j’ai dû candidater à 100 différents VIE avant d’avoir un interview.

 

Si tu ne devais garder qu'un souvenir des années d'études à IMT Lille Douai, que serait-il ?

Celui de chaque fin d’année, lorsque tu es à la fois très excitée et enthousiaste de partir en stage pour découvrir de nouvelles aventures, et à la fois triste de quitter tes camarades de promo qui sont un peu devenu ta famille. 

D’ailleurs, je garde un peu le même sentiment à chaque fois que je reviens en France pour revoir mes amis de promos et qu’il est l’heure de partir…