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04 juillet 2022

Anne RATAYZYK, promo 1982

 [Interview réalisé en 2020]

Bonjour Anne. Tu as été diplômée en 1982. Quel souvenir gardes-tu de l'école ?

J’ai globalement préféré mes études en classe préparatoire, plus pointues. Ceci étant dit, j’ai découvert  à l’école de nouveaux domaines, dont la mécanique-métallurgie et l’ouverture sur le monde industriel, monde industriel que j’ai côtoyé durant toute ma vie professionnelle.

Je garde aussi un bon souvenir de l’ambiance de la promo.

 

Tu as été adjointe au chef du pôle E et actuellement Médiatrice régionale déléguée au sein de la DIRECCTE (DIrection Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi) Hauts-de-France. En quoi cela consiste-t-il ?

Tout d’abord rappelons le rôle des Direcccte et de la Médiation des Entreprises :

Les Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi (DIRECCTE) sont des directions régionales, placées auprès du Préfet de région, pour favoriser le développement des entreprises et de l’emploi, améliorer la qualité du travail et des relations sociales, assurer la loyauté des marchés et la sécurité des consommateurs.

En matière de développement économique, jusqu’à présent les pôles E des DIRECCTE avaient pour mission d’accompagner les entreprises à chaque étape de leur évolution, d’anticiper et accompagner l’innovation, la gestion des compétences, les mutations économiques, de suivre les secteurs, filières stratégiques et pôles de compétitivité, de mettre en œuvre les politiques publiques y afférant. 

La médiation entre entreprises contribue à accompagner des entreprises lors de difficultés contractuelles. Il s’agit d’un dispositif qui contribue à prévenir les difficultés des entreprises s’agissant notamment des délais de paiement.

La Médiation des entreprises, dispositif national gratuit, relevant du Ministère de l’Economie, a été créé en 2010 et s’appuie sur des agents formés, basés en Direccte. Rappelons que la médiation est un processus prévu par la législation qui consiste à résoudre de façon amiable et confidentielle un différend entre deux acteurs économiques (privés ou publics), grâce à l’intervention d’un tiers neutre, le médiateur. 

Au-delà du développement de la médiation et de la résolution des litiges, la Médiation des Entreprises a pour mission de faire évoluer positivement et durablement les comportements entre entreprises notamment grâce à la Charte "Relations Fournisseurs Responsables" www.rfar.fr .

 

A partir de 2010, je me suis formée à la médiation et ai complété mon cursus par un diplôme universitaire de médiation. Depuis, j’accueille des dirigeants d’entreprises dans leurs difficultés et les accompagne via les médiations à trouver une solution équitable, une solution d’affaires, avec leur partenaire, en toute confidentialité. Et le lien commercial entre les entreprises est renoué ou préservé. Ma culture d’ingénieur m’aide à comprendre les problèmes techniques et organisationnels, objets des litiges, même si le médiateur n’est pas  un rôle d’expert.

Je coordonne l’activité de l’équipe régionale des médiateurs. En Hauts-de-France, avec  4 médiateurs représentant 2,5 ETP, nous avons réalisé, en 2018, environ 150 médiations pour  plus de 14,5M€ de litiges, concernant 10000 emplois. Le taux de réussite est de plus de 80%. 

D’autre part, je contribue au développement de bonnes pratiques en promouvant la charte et le label Relations Fournisseurs et Achats Responsables et en animant un réseau de signataires de la Charte.

J’anime également des  groupes de travail,  notamment au sein de l’Observatoire Régional de la Commande Publique pour l’accès des TPE-PME à la commande publique et au sein du Comité Régional de Filière Ferroviaire dans le domaine de la formation, pour faire émerger des pistes d’amélioration et les mettre en œuvre en lien avec les partenaires régionaux, la Préfecture et l’équipe de la Direccte.

 

Comment perçois-tu les évolutions récentes de l'école ?

Les évolutions récentes vont dans le sens des évolutions technologiques. Et les partenariats amènent de la création de nouvelles synergies.

C’est aussi important de maintenir des compétences sur  les fondamentaux comme par exemple la mécanique–métallurgie. Nous aurons toujours besoin des secteurs tels que mécanique-métallurgie, électricité, automatismes, maintenance, BTP..etc, et des compétences qui vont avec, pour faire fonctionner les autres pans de l’économie et notamment le numérique. Aujourd’hui de qui devenons-nous dépendants dans certains secteurs?   Que serait le numérique sans infrastructures de transport et de stockage des données, sans énergie et système de refroidissement des datas centers… ? A mon sens, les ingénieurs généralistes doivent garder des compétences dans ces domaines  fondamentaux.

Les diplômes d’ingénieur de spécialité sont un plus pour notre région car ils concernent des filières essentielles pour les Hauts-de-France, comme le ferroviaire et l’automobile.

Les secteurs de la construction ferroviaire (avec notamment Alstom et Bombardier) et des infrastructures ferroviaires connaissent actuellement un renouvellement significatif de leurs effectifs et ont des besoins conséquents d’ingénieurs.